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L’activité physique comme alliée dans l’endométriose

Mise à jour 2025.


L’endométriose est une maladie chronique inflammatoire fréquente (1 femme sur 10 serait touchée), souvent associée à des douleurs pelviennes fortes et invalidantes, des troubles de la fertilité et de la fatigue. Outre les traitements médicaux et chirurgicaux classiques, l’activité physique adaptée (APA) émerge comme une approche complémentaire possédant des effets bénéfiques potentiels sur la douleur, la qualité de vie et la fatigue. Récemment, de plus en plus de résultats cliniques sont publiés sur cette thématique et cette article vous permettra de vous mettre à jour sur le sujet.

Ci-dessous, on fait le point sur la maladie, les modalités de prise en charge usuelles, l’état des connaissances sur l’effet de l’exercice, les mécanismes physiologiques plausibles, puis nous vous présentons les études et les projets récents.


Pour plus de détails sur le contexte de la pathologie, l'étiologie et les traitement actuels, nous vous invitons à (re)lire notre  Preuve à l'Appui de Juin 2024 .


1. Qu’est-ce que l’endométriose ?

L’endométriose se caractérise par la présence de tissu semblable à l’endomètre en dehors de la cavité utérine (ovaires, péritoine pelvien, trompes, parfois plus loin). Elle touche une proportion importante de personnes menstruées en âge de procréer et entraîne principalement :

  • douleurs pelviennes (souvent cycliques), dysménorrhée intense ;

  • dyspareunie (douleur aux rapports), douleurs digestives ou urinaires selon la localisation ;

  • fatigue chronique et retentissement sur la vie quotidienne ;

  • problèmes de fertilité pour certaines patientes. La prise en charge doit être multidisciplinaire (antalgiques, traitements hormonaux pour supprimer les cycles, chirurgie conservatrice ou radicale selon les cas, soutien psychologique et rééducation).


2. Que montre la recherche récente sur l’activité physique et l’endométriose ?

La littérature récente converge vers l’idée que l’activité physique et les programmes d’exercices supervisés peuvent améliorer certains symptômes : réduction de l’intensité de la douleur, meilleure qualité de vie, diminution de la fatigue et bénéfices sur la santé mentale. Parmi les apports récents :

  • Une revue systématique et méta-analyse publiée sur PLOS One en Février 2025, synthétise les essais contrôlés disponibles et conclut à des effets positifs de l’activité physique/exercice sur la douleur et la qualité de vie chez les femmes atteintes d’endométriose, tout en soulignant l’hétérogénéité méthodologique des études.

  • Des essais pilotes et RCTs de petite taille (programmes multimodaux de 8–12 semaines, thérapie par exercice thérapeutique lombo-pelvien, yoga, entraînement aérobie modéré) montrent des améliorations cliniques faisables et sûres, mais les effectifs restent limités.

En bref : les preuves sont prometteuses mais nécessitent davantage d’essais randomisés de bonne taille et d’interventions standardisées pour formuler des recommandations fermes.

3. Pourquoi l’activité physique pourrait-elle soulager ?

Plusieurs mécanismes biologiques et psychosociaux expliquent plausiblement l’effet bénéfique de l’exercice :

  1. Effets anti-inflammatoires systémiques : l’exercice régulier modifie le profil de cytokines (hausse de médiateurs anti-inflammatoires), ce qui peut réduire l’inflammation chronique associée aux lésions d’endométriose.

  2. Amélioration de la fonction musculo-squelettique et périnéale : renforcement lombo-pelvien, libération des adhérences viscérales par mobilisation, meilleure proprioception et tolérance à l’effort — contribuent à réduire les douleurs musculosquelettiques et la douleur centrale.

  3. Effet neuro-modulateur de la douleur : l’exercice stimule des voies endogènes d’analgésie (endorphines, modulation centrale) et améliore le sommeil et l’humeur.

  4. Effet psycho-social : activité, soutien en groupe, auto-efficacité et réduction de l’anxiété/dépression participent à une meilleure qualité de vie.




    Femme qui court

4. Modalités recommandées

Les interventions testées combinent souvent : exercices d’endurance aérobie modérée, renforcement musculaire global, travail spécifique lombo-pelvien, étirements, respiration, et approches corps-esprit (yoga). L’activité physique adaptée (APA) — individualisée, progressive et supervisée — est le format privilégié.


A l'occasion de la semaine européenne de prévention et d’information sur l’endométriose, en mars 2025, le ministère des Sports, a publié un Guide "En mouvement avec l’endométriose". Grâce à ce guide, le ministère met en lumière l'importance de l’activité physique adaptée pour améliorer le bien-être des femmes concernées.


Ce guide national (en téléchargement ICI) précise des recommandations pratiques (fréquence, types d’exercices) et insiste sur l’adaptation aux poussées douloureuses. Il a été rédigé dans le cadre du Pôle Ressources National Sport Santé Bien-Être, avec le concours de Colin CHARRIER (Directeur - Enseignant coordinateur Activité Physique Adaptée, Maison sport santé SPORACTIO), de Carole MAÎTRE (Gynécologue, Médecin du sport à l'INSEP, Vice-présidente de la commission médicale du CNOSF), de Sandrine GRUDA (Sportive de haut niveau en basket-ball et entrepreneure), de Luce POULAIN (Sportive au sein de la maison sport santé SPORACTIO), et de Fabrice DUGNAT (Chargé de mission sport santé, Ministère des Sports).


5. Les avancées récentes dans la recherche : l’activité physique comme levier thérapeutique

Au cours des dernières années, la recherche sur l’activité physique dans l’endométriose s’est accélérée, avec des essais cliniques d’envergure, des projets nationaux structurants et des recommandations officielles intégrant l’exercice comme approche thérapeutique complémentaire.


5.1. Les projets français structurants


CRESCENDO

Projet national de grande ampleur financé par l’ANR, CRESCENDO vise à évaluer un programme complet d’activité physique adaptée couplé à de l’éducation thérapeutique du patient (ETP). Il inclut un large recrutement dans plusieurs centres français et mobilise des équipes multidisciplinaires. Les résultats préliminaires montrent une bonne faisabilité, une adhésion favorable et une évolution positive des symptômes, en particulier sur la douleur et la qualité de vie.


APHYLIDOL

Financé par la Fondation pour la Recherche sur l’Endométriose, ce projet explore l’effet d’un programme d’activité physique adapté intégrant une dimension biopsychosociale. En s’intéressant notamment au vécu corporel, à la perception de la douleur et aux facteurs psychologiques, APHYLIDOL vise à éclairer la manière dont l’activité physique modifie la relation entre corps, mouvement et douleur. Les premiers retours méthodologiques soulignent l’importance de l'encadrement, du rythme individualisé et de stratégies centrées sur la confiance corporelle.


5.2. Autres études cliniques récentes : des preuves de plus en plus solides


Étude Physio-EndEA / PhysioENDeA (2023–2025)

Essai randomisé contrôlé emblématique, Physio-EndEA a évalué un programme thérapeutique multimodal supervisé (mobilité lombo-pelvienne, renforcement ciblé, exercices aérobie, relaxation). Les résultats montrent :

  • baisse significative de la douleur (pelvienne, abdominale, lombo-pubienne)

  • amélioration de la qualité de vie

  • augmentation des capacités physiques (force lombaire, endurance)

  • diminution de la fatigue

Ces travaux constituent aujourd’hui l’un des niveaux de preuve les plus robustes sur l’intérêt des programmes supervisés. Il a d'ailleurs été intégré en Protocole au sein du Blueback Physio afin de pouvoir être réalisé en séance, tout en bénéficiant du retour direct sur l'activation des muscles profonds abdominaux.


Tennfjord et al., 2024 – RCT exercice + PFMT

Cet essai randomisé a comparé éducation seule versus éducation + entraînement supervisé combinant activité physique générale et rééducation périnéale (PFMT). Les participantes du groupe “exercice + PFMT” ont présenté :

  • une réduction significative de la douleur génito-pelvienne

  • un meilleur contrôle musculaire du plancher pelvien

  • une amélioration globale de la fonctionnalité. Ce travail souligne l’importance de la prise en charge pelvienne dans les douleurs profondes associées à l’endométriose.


Xie et al., 2025 – Méta-analyse (PLOS ONE)

Cette méta-analyse incluant six essais randomisés (251 participantes) confirme :

  • une réduction modérée mais significative de la douleur

  • une amélioration de la qualité de vie

  • un effet généralement supérieur pour les programmes supervisés, multimodaux ou incluant du renforcement. Cependant, l'hétérogénéité des protocoles souligne la nécessité d’essais plus standardisés.


Autres contributions récentes

Plusieurs études complémentaires ont montré des bénéfices sur :

  • la fatigue (Salinas-Asensio et coll., 2025, suivi Physio-EndEA)

  • la douleur et la mobilité via yoga, relaxation et exercices corps-esprit

  • le contrôle périnéal via le PFMT supervisé

  • la perception corporelle et la gestion du stress lié à la douleur chronique



5.3. Synthèse

Ainsi, les preuves actuelles convergent vers plusieurs conclusions robustes :

  • L’exercice supervisé est supérieur à l’exercice autonome, surtout pour la douleur pelvienne.

  • Les programmes multimodaux (mobilité + renforcement + aérobie + PFMT + relaxation) sont les plus efficaces.

  • La régularité, l'adaptation individuelle et la progressivité conditionnent fortement les résultats.

  • L’activité physique améliore non seulement la douleur mais aussi :

    • la fatigue

    • la fonctionnalité

    • la qualité de vie

    • le rapport au corps

    • le stress et la perception de la douleur


Néanmoins, il reste encore du chemin afin de multiplier de type d'étude, tout en focalisant sur des critères clés d'amélioration tel que:

  • Hétérogénéité des interventions (type, durée, intensité) et des critères d’évaluation : besoin d’essais randomisés multicentriques standardisés.

  • Taille d’échantillons souvent petite : différentes études sont pilotes / exploratoires — il faut davantage d’essais avec puissance statistique suffisante.

  • Mesures biologiques : coupler évaluations cliniques et biomarqueurs (inflammation, profil cytokinaire) pour mieux comprendre mécanismes. (CRESCENDO inclut de telles mesures).


Conclusion

L’activité physique adaptée apparaît comme une stratégie complémentaire prometteuse pour diminuer la douleur, améliorer la qualité de vie et combattre la fatigue chez les personnes atteintes d’endométriose. Les premières preuves sont encourageantes ; les projets français récents (CRESCENDO, APHYLIDOL), le guide national En mouvement avec l’endométriose et des essais contrôlés comme Physio-EndEA montrent que la recherche se structure pour produire des recommandations pratiques et scientifiquement robustes.




BILBIOGRAPHIE et liens utiles


Guides et documents institutionnels

  • Direction des Sports, Sporactio, & Ministère des Sports. (2023). En mouvement avec l’endométriose : Guide national d’activité physique adaptée. Gouvernement Français.


Essais randomisés

  • Artacho-Cordón, Á., et al. (2023). Effect of a multimodal supervised therapeutic exercise program on quality of life and pain in women with endometriosis: A randomized clinical trial. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation.

  • Tennfjord, M., et al. (2024). General exercise combined with pelvic floor muscle training in women with endometriosis. BMC Women’s Health.

  • Salinas-Asensio, M., et al. (2025). Effects of a multimodal exercise program on fatigue and physical function in women with endometriosis. European Journal of Obstetrics & Gynecology.


Revue systématique et méta-analyse

  • Xie, Q., et al. (2025). Effects of physical exercise on endometriosis symptoms: A systematic review and meta-analysis. PLOS ONE.


Programmes nationaux

  • ANR CRESCENDO. (2023–2025). Programme national de recherche sur l’activité physique et l’endométriose.

  • Fondation pour la Recherche sur l’Endométriose. (2023–2025). Projet APHYLIDOL.

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